25 Fév LA JOIE DE CREER UNE NOUVELLE CULTURE. TROISIÈME AN
Sur la route du troisième an, nous nous laissons transformer par ce que nous savons les unes des autres. Et ces derniers jours ont été consacrés à la connaissance de nos racines culturelles. Chaque jour, nous avons voyagé dans un pays différent et, main dans la main avec chaque sœur, nous avons appris à connaître ses traditions, ses couleurs, ses habitants, ses richesses, ses joies et ses peines…
Du Vietnam viennent les traditions ancestrales, la fête du Nouvel An, une langue pleine de sons nouveaux pour beaucoup et, surtout, la foi qui se renforce dans l’espoir d’un nouveau chemin pour l’Église.
De la Colombie, l’odeur du café nous invite à entrer dans les maisons pleines de couleurs et d’accueil, à écouter la musique qui parle d’un pays qui a confiance en Dieu et qui, dans la joie et la douleur, continue à travailler pour la paix et la réconciliation.
Au Pérou, nous sommes passés par la côte, les hauts plateaux et la jungle, où nous avons été surprises par leurs saveurs et leurs danses, et nous nous sommes associées à leur désir de construire la communion dans la diversité.
En Inde, nous sommes attirés par les couleurs et les odeurs qui nous parlent aussi de diversité, non seulement culturelle mais aussi religieuse. Et nous les rejoignons dans leur lutte pour la dignité des plus vulnérables, en particulier les femmes et les filles.
Au Timor, nous emportons nos cœurs pour les ouvrir aux traditions de cette terre, pleine de mer et de montagnes, pleine d’histoire et de communauté, pleine de lutte et de recherche de la paix.
Enfin, nous retournons en Europe où nous nous asseyons sur le rivage, au Portugal, pour chanter avec “saudade” nos désirs et nous jeter dans l’horizon que la mer nous ouvre.
Et nous terminons en Espagne, la terre de nos fondatrices, en nous laissant contaminer par la proximité et l’affection qui nous rappellent que nous sommes tous frères et sœurs.
L’après-midi, en groupes ou en assemblée, nous nous sommes assis pour dialoguer sur la base du guide de l’interculturalité que nous propose la CG XXI, laissant résonner les échos de ce que nous avons entendu dans chaque pays. Dans ce partage, nous nous reconnaissons dans ce qui nous unit et ce qui nous rend uniques. De plus, nous découvrons comment Dieu s’incarne véritablement dans le monde, sous des visages si divers.
À la fin de la journée, nous prions ensemble pour la réalité de chaque lieu, nous devenons davantage des sœurs pour tous, en regardant le monde depuis le cœur de Jésus. A la fin de ce voyage, nous pouvons nous exclamer avec Sainte Raphaëlle : “Combien d’enfants Dieu a ! Voir le monde nous rend plus zélées !
Et pour que ce voyage ne reste pas un simple tourisme, nous voulons que la nouvelle culture qui naît de ce partage soit pour nous “une école d’amour universel pour le monde”. Une école où nous apprenons tous les jours, dans le dialogue et dans le vivre ensemble. Une école pour les personnes courageuses qui prennent des risques sur ce chemin de l’interculturalité, sachant que ceux qui le font à la manière de Jésus sont heureux. Une école où chacun est invité à vivre les Béatitudes de l’interculturalité.
Heureuses celles qui écoutent, du fond du cœur, les mots et les silences.
Heureuses celles qui ne prennent pas pour acquis et savent demander quand elles n’ont pas compris.
Heureuses celles qui ne restent pas dans la vision de leur propre culture et s’ouvrent aux autres.
Heureuses celles qui reconnaissent leurs richesses et les partagent sans limites.
Heureuses celles qui sont prêtes à apprendre et à construire une nouvelle culture.
Heureuses celles qui ont du temps libre pour dialoguer.
Heureuses celles qui s’engagent dans la communication comme voie de croissance mutuelle.
Heureuses celles qui reconnaissent qu’elles sont sœurs et qui vivent chaque jour dans la confiance.
Heureuses celles qui font du pardon un moyen d’identification avec Jésus.
Heureuses celles qui vivent tout cela comme un processus de conversion continue, dans la clé du discernement.
Heureuses celles qui, dans n’importe quelle condition et à n’importe quel prix, cherchent à vivre à la manière de Jésus, comme l’a fait sainte Raphaëlle.
“Et elle est heureuse non seulement parce qu’elle vit grâce à Dieu et pour Dieu, mais parce qu’elle vivra et fera vivre ses frères et sœurs avec Dieu pour toujours”. (Madeleine Delbrêl)
Leonor Franco, aci