Ces dernières années, Raphaëlle Marie a passé de nombreuses heures allongée sur une chaise longue. Elle souffrait beaucoup d’un de ses genoux. Sans aucun doute, de nombreuses images ont traversé son esprit pendant ces longues heures, le film de toute sa vie, des noms, des visages, des rencontres, des désirs… sans doute aussi de longs et profonds moments de conversation avec son Dieu.
Mais aussi de nombreuses heures de prière, d’union intime avec son Jésus. Nous nous souvenons de l’épisode où son infirmière, la voyant marcher difficilement, lui a demandé pourquoi elle ne restait pas dans la tribune donnent sur la chapelle la plus proche de sa chambre, et elle a répondu : “parce que je veux être plus proche de Jésus”. Elle lui a également demandé, à la fin de sa vie, ce qu’elle disait au Seigneur pendant tant d’heures devant Lui… et elle a répondu : “rien, je Le regarde et Il me regarde”.
Sa vie consacrée a été une vie de dévouement total, de fidélité, une vie donnée pour le Royaume, une vie vécue totalement, chaque jour, cherchant toujours le meilleur et ce qui rendait le plus gloire à Dieu, joyeuse “de servir un si grand Seigneur”. Une vie qui parle de générosité, de gratuité, de profonde liberté, de lucidité permanente, de force morale exemplaire.
Voici le récit de sa mort :
“Le 6 janvier 1925, Mère du Sacré-Cœur s’est réveillée beaucoup plus malade que d’habitude. “Qu’y a-t-il, Mère ?” L’infirmière lui parle affectueusement : “Est-ce que tu veux t’en aller pour toujours avec l’Enfant Jésus ? -Je pense que oui”, répondit calmement la malade. Je vous en prie, ma sœur, quand je semblerai morte, continuez à dire le nom de Jésus à mon oreille. Je ne pourrai plus le dire, mais je voudrais l’entendre jusqu’à la fin.
Elle n’a plus guère parlé. Elle passait définitivement vers l’autre rive, là où il n’est pas nécessaire de dire beaucoup de mots. Lorsque le Père Marchetti, le jésuite qui avait entendu sa confession pendant tant d’années, arriva, elle ne put plus rien lui dire. Elle semblait dormir profondément, mais elle ouvrit tout de même ses yeux limpides, et regarda le prêtre comme pour lui dire adieu. Vers six heures du soir, elle s’éteignit doucement. Dans l’église de Via Piave, dans son église, on donnait à ce moment-là la bénédiction avec le Saint-Sacrement.